Aurélie, une infirmière entre voyages et soins – Partie 1

Aurélie, une infirmière entre voyages et soins – Partie 1

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Après plusieurs années à parcourir l’Asie, Aurélie, infirmière, s’apprête aujourd’hui à parcourir l’Amérique du Sud pendant dix mois. Animée par des valeurs de respect de l’humanité et de la nature, elle souhaite désormais se lancer sur les routes de pays qu’elle ne connaît pas : l’Equateur et la Bolivie, en passant par le Pérou. Durant son périple, elle intervient notamment dans une association bolivienne qui vient en aide aux enfants travailleurs du sucre.

Nous avons fait la connaissance d’Aurélie au travers de sa page Facebook. Nous avons ensuite découvert son premier blog qui relate ses aventures asiatiques. Nous sommes immédiatement tombés sous le charme des textes de cette infirmière courageuse et ambitieuse. C’est donc avec beaucoup d’admiration que nous vous présentons Aurélie, une infirmière pas comme les autres, et ses belles photos.

[wp-svg-icons icon= »eye » wrap= »i »]A lire aussi : Une infirmière dans un dispensaire Kanak en Nouvelle Calédonie

Flo & Yo : Salut Aurélie, est-ce que tu peux te présenter ?

J’ai 26 ans et je suis née en Normandie. J’ai déménagé en Bourgogne à l’âge de 12 ans et vit depuis en Saône-et-Loire. Je suis infirmière depuis 5 ans et j’exerce actuellement dans une association d’hébergement et de réinsertion. Je suis passionnée par les voyages bien sûr, mais aussi par la lecture et surtout l’écriture. Je suis très sensible aux questions d’écologie et de décroissance.

Thailande

Quel est ton parcours ?

Mon rêve d’enfant était de devenir sage-femme. Ne me demandez pas pourquoi, cela reste un mystère ! Après mon bas ES (Economique et Social), j’ai intégré une école d’infirmière pensant pouvoir intégrer l’école de sage-femme à la fin de la première année, mais cette passerelle a été supprimée au cours de ma première année d’IFSI ! Je suis donc devenue infirmière un peu par erreur, ou par dépit, du moins au départ !

J’ai obtenu mon diplôme fin 2007, à tout juste 21 ans. J’ai intégré immédiatement un service de psychiatrie de gestion de la crise qui m’avait accueillie pour mon DE. La découverte de la psychiatrie, dès mon second stage de première année, fut en effet une révélation : le contact humain, les mystères de la maladie mentale et du psychisme, les journées rythmées et chaque jour différent… J’y suis restée trois ans et ai beaucoup, beaucoup appris.

En parallèle, grâce à mes premiers salaires, j’ai commencé à voyager pendant mes congés : deux voyages d’un mois en Asie, au printemps et à l’automne, et une semaine au début de l’été en Europe. C’est ainsi que j’ai découvert l’Inde à trois reprises et le Népal, ainsi que le Portugal et la Grèce. Là encore, ne me demandez pas les raisons de cet attrait pour le voyage, c’est un autre mystère ! Aucun voyageur autour de moi, pas d’escapades à l’étranger en famille… Juste beaucoup de lectures (Kerouac, London, Tesson…) et l’idée que je devais réaliser vite mes rêves d’aventure, au cas où ma santé me rattrape ! Mon enfance et mon adolescence ont en effet été marquées par des ennuis de santé relativement importants qui m’ont fait craindre de ne pas pouvoir mener la vie que j’entendais.

Dans un village Akha (province de Chiang Rai, Thailande)

Bref, entre amies, entre collègues ou seule, ma passion est devenue dévorante et au retour de mon troisième voyage en Inde où j’avais assisté à la Khumba Mela (plus grand rassemblement religieux au monde, réunissant plusieurs dizaines de millions de personnes durant trois mois), j’ai demandé une disponibilité pour tout quitter six mois plus tard. En novembre 2010, je m’envolais donc pour neuf mois d’itinérance asiatique, seule sur les routes de l’Inde, de la Thaïlande, du Laos, du Cambodge et de la Birmanie. Cette expérience m’a considérablement enrichie, mais surtout elle m’a permis d’appréhender autrement ma relation à moi-même, aux autres et au monde.

J’ai retrouvé un emploi trois mois après mon retour en France, dans l’association dans laquelle je travaille encore actuellement. Je suis aujourd’hui chargée d’accompagner dans leurs soins physiques et psychiques des personnes en grande précarité : financière, sociale, affective… L’état de mes finances ne m’a pas permis de voyager au cours de ces dix-huit mois, hormis deux courtes escapades à Barcelone et à Rome et ce fut une période plutôt délicate. J’ai pu prolonger l’instant grâce à des festivals de voyage et à l’exposition de mes photos. Heureusement, l’horizon s’ouvre à nouveau autour d’un projet très enthousiasmant qui me liera à deux associations : un centre éducatif en Bolivie, où j’exercerai pendant au moins six mois, et l’association « L’Enfant @ l’hôpital » pour qui j’écrirai des reportages hebdomadaires à destination d’enfants malades ou défavorisés.

[wp-svg-icons icon= »eye » wrap= »i »]A lire aussi : L’extraordinaire voyage d’une infirmière aux îles Kerguelen

Tu as créé un blog, Ailleurs sur Terre, peux-tu nous en parler ?

Au cours de mon voyage au long cours en Asie, j’ai tenu un blog, principalement à destination de mes proches. Mais je me suis rendue compte que de plus en plus d’anonymes me suivaient et lisaient avec plaisir mes textes. Ma passion pour l’écriture s’est développée au cours de cette période et il m’a paru naturel de créer une nouvelle interface pour l’aventure à venir. Je la souhaite plus généraliste, plus pratique aussi, mais toujours dans un esprit de partage et de transmission. Malheureusement, je n’ai que peu de connaissances en informatique et ne peux pas créer un site internet au sens strict, aussi beau et interactif que le vôtre par exemple ! Bon, en même temps, celui-ci est à mon image : simple, épuré, coloré, engagé !

Pourquoi avoir choisi de parcourir le monde pour travailler ?

Lors de ce premier voyage en Asie, je n’ai pas mis mes compétences médico-sociales en avant. Je parlais très mal anglais, je n’ai pas de compétences techniques, les ONG ne sont pas intéressées par mon profil, préférant les infirmières techniciennes ayant de l’expérience dans les services d’urgences, de réanimation ou de chirurgie.

Pour autant, ma fonction et mon statut de femme m’ont permis d’avoir certains contacts privilégiés auprès des populations locales : j’ai pu pénétrer l’univers intime de certaines d’entre elles, accéder à leurs confidences, à leur corps aussi au détour d’une blessure. Mon regard plus aiguisé a saisi la problématique de l’accès aux soins et quelques expériences malheureuses avec des compagnons de voyage m’ont permis de visiter les hôpitaux d’Inde, de Thaïlande et du Laos.

Pour ce nouveau départ, et à la suite de mon expérience associative actuelle en France, j’ai cherché une association correspondant à mes valeurs et à mes compétences, susceptible d’être intéressée par mon profil atypique. C’est l’occasion pour moi d’allier plusieurs de mes centres d’intérêt : le voyage, la rencontre, le soin…

Mon regard plus aiguisé a saisi la problématique de l’accès aux soins

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Lors de ton voyage en Asie, comment as-tu préparé ton périple ?

Ayant déjà voyagé à plusieurs reprises en Inde et au Népal, je ne partais pas tout à fait en terrain inconnu ! J’ai préparé ce départ grâce aux blogs d’autres voyageurs, aux forums de voyage (Voyage Forum notamment) et aux guides (Lonely Planet). J’ai tracé un itinéraire, plutôt précis d’ailleurs, lu des livres se déroulant dans les pays qui m’accueilleraient pour m’immerger dans l’ambiance et la culture… L’avant-voyage est pour moi déjà une partie du voyage. Une citation issue du très beau livre « Echapées Indiennes » (d’Isabelle Foch et Hugues Costa) résume bien mon sentiment :

« Un voyage se fait toujours 3 fois :

  • Une première en rêve, en imagination, au ras des cartes ;
  • Une deuxième le long des routes, dans des bus rapiécés, dans des gares en attente d’hypothétiques trains, dans des hôtels douteux ou des jardins radieux ;
  • Enfin, une troisième et interminable fois en souvenirs, dans la présence d’instants qui vous constituent désormais et que rien ni personne ne peut effacer. »

Pourquoi avoir pris des anxiolytiques et des hypnotiques lors de ton périple en Asie ?

Je suis d’une nature assez anxieuse et je craignais d’être sujette à des crises d’angoisse ou des insomnies. Finalement, je n’ai pas pris un seul médicament et n’ai jamais été malade !! J’ai soigné de petits soucis digestifs grâce à de l’extrait de pépins de pamplemousse, des granules d’homéopathie ou des huiles essentielles. D’ailleurs, pour mon prochain départ, je vais encore étoffer ma trousse de voyage naturelle tout en appauvrissant grandement ma trousse allopathique. Cela correspond mieux à mon mode de vie et à mes valeurs.

Quel était ton quotidien ? Quel était ton rôle dans les associations et tes tâches ?

Ce n’est qu’au Népal, lors d’un voyage d’un mois, que j’ai pris contact avec une association franco-népalaise, l’Association Pomme-Cannelle (APC). Cette structure prend en charge les enfants des rues de Katmandou autour de plusieurs axes, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins : l’accueil, l’éducation, le soin, la scolarisation ou la formation. Je leur ai apporté des vêtements, des médicaments et du petit matériel médical. Je suis restée avec l’équipe locale plusieurs jours afin de faire leur connaissance et pour observer leurs méthodes de travail. Malheureusement, l’infirmière était en déplacement à ce moment-là, je n’ai donc pas pu la rencontrer. C’est probablement grâce à cette expérience que j’ai pris conscience de la nécessité d’un engagement de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour un travail de qualité, durable dans le temps et utile pour l’association.

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Financièrement ce n’était pas trop difficile ?

J’ai financé mon voyage grâce à mon épargne, créée depuis l’obtention de mon diplôme. Je me satisfais de peu en France : je loue des appartements meublés, je consomme peu. Et puis, l’Asie est un continent extrêmement bon marché : pour preuve, j’ai dépensé en tout et pour tout, 3.200 € en 9 mois en Asie, à raison de moins de 10 €/jour en Inde, et entre 10 et 15 €/jour ailleurs.

Pour ce nouveau projet, j’ai procédé de la même façon mais mon salaire est inférieur et le niveau de vie en Amérique latine supérieur donc ça risque d’être juste ! J’ai également postulé à une bourse de voyage récompensant trois projets de solidarité internationale, organisée par AVI International (je croise les doigts !).

Vous pouvez lire la suite de l’interview dans ce 2eme article.

Nous remercions Aurélie pour son témoignage et au message envoyé à toutes les personnes qui souhaitent voyager seuls. Nous lui souhaitons une bonne route et nous suivrons avec intérêt tes prochains articles en Amérique du Sud !

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