Comment travailler en Australie en tant qu’infirmière Française

Comment travailler en Australie en tant qu’infirmière Française

L’aventure Australienne, certains en rêve, Emilie elle, la vie au quotidien. Infirmière diplômée d’état, elle exerce désormais sa profession à Perth en Australie. L’Australie, cette Terre Rouge, située à l’autre bout du monde , où l’on s’imagine des paysages vastes et des kangourous à chaque coin de rue. Nous l’avons connu grâce à son blog et elle a accepté de jouer le jeu de l’interview avec nous, afin de nous expliquer son travail d’infirmière là bas et des différentes démarches qu’elle a dû faire pour y parvenir.

[wp-svg-icons icon= »eye » wrap= »i »]On en parle aussi dans notre groupe Facebook : infirmiers dans le monde !



Comment travailler en Australie en tant qu’infirmière Française

[wp-svg-icons icon= »eye » wrap= »i »]A lire aussi : L’extraordinaire voyage d’une infirmière aux îles Kerguelen

Salut Emilie, est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Bretonne et j’ai 31 ans. J’aime le voyage et j’ai récemment commencé la photo.

Quel est ton parcours ? Formation ? Expérience en France ?

Je suis diplômée de Rennes depuis 2006 et j’ai travaillé 3 ans à Lyon. J’ai une bonne expérience de pédiatrie, mais je ne suis pas puéricultrice. En 2011, j’ai posé mes valises à la Réunion où j’ai fait un peu d’intérim, du libéral pour finalement être embauchée par l’EFS là bas.

Aujourd’hui, je suis Registered Nurse à Perth en Australie-Occidentale et je travaille de nouveau à l’hôpital pédiatrique.

Nous t’avons connu à travers ton blog, peux-tu nous en parler ?

C’est un blog qui décrit les démarches pour enregistrer son diplôme pour celui qui veut travailler en Australie.

Souvent sur les forums, je me suis aperçue que les infirmiers ne savent pas trop par où commencer. Du coup j’ai décidé d’écrire tout ce que je connais pour aider ceux qui veulent tenter l’aventure australienne.

city beach

Comment travailler en Australie pour une infirmière Française, qu’elles sont les démarches ?

Pour travailler en Australie, il faut obligatoirement enregistrer son DE auprès du “Nursing and Midwifery Board of Australia”.

J’ai dû leur donner de nombreux documents et également passer un examen d’anglais.

Pour finir, le Nursing Board m’a demandé de faire un “bridging course” de 3 mois pour connaitre comment le système de santé australien fonctionne.

Pourquoi le choix de l’Australie ?

C’est un rêve d’enfant. J’ai toujours dit à mes parents que j’irais vivre en Australie. J’ai encore en tête cette image de pays vaste avec la terre rouge et ses kangourous et mon intuition ne m’a pas trompé puisque j’y suis restée.

Quel est ton travail là-bas ? Est-il différent de celui d’une infirmière en France ?

En Australie, Je suis Registered Nurse et mes responsabilités, mon rôle infirmier et mon travail sont identiques à celui que j’avais en France à la différence qu’ici on parle anglais.

J’ausculte, chose que je ne faisais pas en France.

Je n’ai pas le droit de poser de sonde urinaire, de VVP ou faire de prise de sang par exemple, car il faudrait que je fasse une formation externe pour accéder à ces compétences. Je ne pose pas un seul médicament en intraveineux sans avoir un collègue qui vérifie si ce que j’ai préparé est correct. Je fais de même pour mes collègues et je vérifie que les médecins ont bien prescrit. C’est un gage de sécurité face à l’erreur et je trouve cela bien.

Je trouve qu’il y a bien plus d’hommes infirmiers en Australie qu’en France.

IMG_0846

Quelle est la formation d’une infirmière australienne ? Durée ? Niveau ?

Il y a 2 types d’infirmiers en Australie :

–       Registered Nurse : 3 ans à l’université et l’étudiant obtient à la fin un “Bachelor of Nursing”. C’est l’équivalent de IDE en France.

–       Enrolled Nurse : Il n’y a pas d’équivalent Français. L’étudiant valide un “Diploma of Nursing” après 18 mois en institut professionnalisant.

L’Enrolled Nurse ne peut pas préparer les intraveineux ou encore avoir les clefs du coffre des toxiques par exemple.

J’ai vu sur ton blog qu’à ton arrivé en Australie, tu ne parlais pas Anglais couramment qu’as-tu mis en place pour assimiler cette langue rapidement ?

Je peux dire que je ne parlais que quelques mots seulement quand je suis arrivée.

J’ai pris des cours d’anglais pendant plusieurs mois et puis j’ai sélectionné mes amis en évitant toute personne qui parlait français (rassures toi, je suis ouverte aux Français, mais à l’époque il fallait faire ce sacrifice).

Le fait d’habiter en Australie m’a aidé, car il n’y a rien de mieux que l’immersion pour l’apprentissage d’une langue. Malheureusement, apprendre une nouvelle langue demande du temps et il n’y a pas de solution rapide. Aujourd’hui j’apprends toujours de nouveau mots, nouvelles expressions et mon anglais s’affine de jour en jour, même après 3 ans.

La seule chose pour laquelle je ne pourrais pas faire plus est mon accent. J’ai un accent Français qui va me coller jusqu’à la fin de mes vieux jours je pense.

Il faut avoir un bon niveau d’Anglais c’est certain, les tests de L’IELTS.

Ces tests sont-ils difficiles?

Les tests d’anglais sont difficiles, car le temps joue contre nous et le stress est grand. C’est facile de perdre ses moyens de rater le test d’anglais à cause de ça.

Il est primordial de bien se préparer à l’examen avant d’y aller. C’est un peu comme réviser pour passer son bac !

Perth city

Y a-t-il des différences flagrantes dans leur système de soin?

En Australie, la sécurité sociale s’appelle “Medicare”. Medicare est seulement pour les citoyens et résidents australiens. Les immigrants avec tout autre visa (comme moi) doivent se payer leur propre couverture de santé.

Médicare couvre l’hôpital public et une partie des frais du médecin généraliste ainsi que la grossesse. Ici, tout le monde à une mutuelle complémentaire pour couvrir tout le reste.

Un Australien qui n’a que Medicare et veut se faire opérer du genou par exemple peut attendre sur la liste d’attente de l’hôpital public pendant 2 ou 3 ans voir plus …

[wp-svg-icons icon= »eye » wrap= »i »]A lire aussi : Julie, infirmière Française à l’ile Maurice

Y a-t-il des choses qui t’ont surpris dans leur manière de soigner ?

Comme je l’ai déjà mentionné : ici, j’ausculte ! Pas évident au début, mais j’ai appris vite !

J’ai été perturbée par les limitations et compétences de chacun au début, car je ne connaissais pas ce qu’était une Enrolled Nurse

Ce que j’aime bien ici c’est que pour le même type de structure (Hôpital pédiatrique) et le même type de service, ma charge de travail a été divisée par 2 ! Je n’ai pas d’Auxilliaire de puériculture pour m’aider, je fais tout moi-même, mais en service de médecine ou de chirurgie j’ai maintenant 4 patients à ma charge contre 8 en France (avec l’aide de 1ou 2 AP), 1 patient en Réa contre 2 ou 3 en France …

Kalbarri

Denham

Pinnacles

Comment s’est passée ton intégration ?

Très bien ! Les Australiens sont habitués aux étrangers. Il y a beaucoup de différents accents, cultures, couleurs de peau…

Côté logement, voiture, alimentation, la vie coute elle plus cher qu’en France ?

Les prix sont certes plus élevés qu’en France, mais les salaires aussi.

Quel est le salaire moyen d’une infirmière là-bas ?

Un infirmier débutant à l’hôpital public est payé $30/heure et après ça augmente avec l’expérience et le poste qu’on occupe.

Pour le secteur privé, ça se négocie à l’embauche.

Il y a un petit plus quand on travaille l’après-midi, le samedi, le dimanche ou les jours fériés.

Milky way

Est-ce que la culture et la religion sont présentes dans les soins en Australie ?

C’est quelque chose de très présent ici, car l’Australie est un pays multiculturel. Chacun fait en sorte que chacun soit respecté de par sa religion, sa culture et son origine. La discrimination est intolérable ici.

C’est quelque chose d’autant plus important quand ça touche les Aborigènes. Il y a une politique en faveur de cette culture et j’ai eu des formations obligatoires sur la prise en charge de ces personnes ou encore l’histoire aborigène au sein de mon hôpital.

Qu’apprécies-tu le plus en Australie ? Pourquoi avoir choisi d’y vivre ?

Le soleil ! fini la grisaille et les longs mois d’hivers !

Sans rire, même si ma première motivation était là, je suis restée, car il y a des opportunités ici qui n’existent pas en France. Je vis ici en couple et nous avons fait le choix de rester pour nous permettre de faire quelque chose qui n’aurait pas été envisageable en France.

lucky beach

Y a t-il des choses qui te manquent en France?

– Les rues commerçantes des centres-ville.

– L’accès facile à la culture (qu’on arrête de dire que le cinéma est cher en France svp !)

– Son histoire, sa culture, sa richesse.

Aurais-tu des conseils à donner aux soignants qui souhaitent s’expatrier ?

Si votre anglais est moyen, commencez les cours d’anglais dès la France bien avant de partir. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas avoir le niveau requis.




Est-ce que ton regard sur le soin en France a changé depuis ces expériences ? Et du coup, quel est ton regard sur ton métier d’Infirmiers en France ?

Bien sûr qu’il a changé !

Je repense souvent aux internes étrangers dans les services où j’ai travaillé qui faisaient des fautes d’orthographe, qui parfois avaient du mal à s’exprimer et mes collègues les jugeaient disant qu’ils étaient incompétents. Et bien pas si sur ! Aujourd’hui je suis celle qui a du mal à m’exprimer qui a un accent et qui fait des fautes à l’écrit, et bien je sais que je suis une bonne infirmière !

De même, la surcharge de travail que j’ai connue ne me donne pas très envie de retourner à l’hôpital en France. Aujourd’hui, j’ai le temps de former mes étudiants, et parler et d’écouter mes patients et leurs parents, et ça vaut tout l’or du monde !

Margaret river

kangourou

Et après, quels sont tes projets ?

PLEINS !!!

– continuer de voyager

– Peut-être essayer de travailler dans un nouveau pays ? Mais seulement en Français ou en Anglais, ce que j’ai fait, je ne le referais plus pour une autre langue.

– Je veux réapprendre l’espagnol que j’ai oublié.

Merci Emilie d’avoir partagé avec nous ton expérience. Tes conseils sont précieux et j’espère qu’ils permettront à d’autres de réussir l’aventure australienne. À bientôt sur la toile ou sur la route :).

12 réflexions au sujet de “Comment travailler en Australie en tant qu’infirmière Française”

  1. Ton article m’a redonné espoir, moi qui rêve d’être infirmière en Australie. C’est trés difficile de trouver des infos, est ce qu’il est possible d’en avoir plus sur tout ce qui est « paperasse » à faire afin de valider son diplôme en Australie?

    Répondre
  2. Bonjour Emilie,
    Je suis actuellement en Australie, sur la fin de ma première année de working holiday visa.
    Infirmiére depuis 5 ans en France et double nationalité Anglaise, je m’apprête a commencer les démarches pour faire mon equivalence sur Perth.
    Jai beaucoup de mal a savoir quels sont les documents exactes que je dois rapporter de France et faire traduire.
    Le site de l’Ahpra explique tout mais ce n’est pas clair et je ne trouve personne pour m’expliquer correctement.
    Je vais rentrer en France entre mes deux visa pour recupérer tout ce dont j’ai besoin.
    Est ce que tu pourrais me donner quelques infos supplémentaires?
    Je travaille pour le moment pour Nursing Australia comme PCA partout dans Perth, c’est interessant mais frustrant!!!
    J’ai hâte de pouvoir exercer ici et ton témoignage est très encouragent!
    D’être partie de zéro en Anglais n’a pas du être facile…Bravo

    Répondre
  3. Merci pour l’article.infirmière française depuis 2012.
    , je travaille depuis un an à Montréal au Québec mais j’aimerais bien continuer l’aventure en Australie pourquoi pas. Savez-vs s’il y a des equivalence entre diplôme québécois et australien? Accès quel visa partir?
    Merci et bon courage de vos projets!

    Répondre
  4. Bonjour,
    J’ai lu un commentaire facebook qui disait que le coût total pour avoir l’équivalence (traduction du diplôme, école avec théorie et stages,…) était aux alentours de 12000AUS ce qui équivaut à 8500€. A tu connaissance de ces prix?

    Répondre
  5. bonjour, je suis actuellement entrain de me renseigner pour faire infirmiere en australie, pourrais tu me donner quelques info sur tout ce qui est papier pour l’équivalence du diplome sil te plait? Merci d’avance 🙂
    ps: le blog n’est plus disponible :/

    Répondre
  6. Merci pour ce beau témoignage qui donne à rêver !
    Est-ce qu’une auxiliaire de puériculture pourrait trouver du travail en Australie ou est-ce vraiment le diplôme d’infirmière qui est reconnu ?
    Merci d’avance pour la réponse.

    Répondre
  7. Bonjour,
    Je suis infirmiere depuis 1989, 2 ans en milieu militaire , 25 ans en service de gynécologie, et quelques mois en liberal .
    Est ce que c’est un profil qui permet de partir en tant qu’infirmière en Australie

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.