Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

 

Voilà un article qui me trotte dans la tête depuis pas mal de temps déjà, bien avant, je pense qu’on ne parle de la vague des suicides des infirmiers en 2016 et des différentes vidéos de Sabrina : la plus connue des internes de l’APHP. Ce qui m’a décidé à vider mon sac ?  Une vidéo découverte au hasard du web et une situation pitoyable que rencontre un de mes collègues en ce moment dans un hôpital public français.

Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

Depuis la naissance de ce blog, j’ai rarement écrit sur la vision que j’avais de mon métier. Je suis d’un naturel optimiste et je l’ai toujours été. J’ai toujours pris le côté positif dans n’importe quelle situation que ce soit dans ma vie personnelle ou professionnelle. Grâce à « mes précédentes vies » (joueur de handball de haut niveau, mise en rayon chez Leclerc, vendeur en électroménager, ouvrier dans une usine à pain, aide-soignant…) je me suis toujours senti chanceux de faire ce métier. Travailler « au chaud » toute l’année, être au sec, avoir un bon salaire, pouvoir évoluer, faire des formations, me rendre utile, aider les autres…Ce métier est en parfaite adéquation avec ma personnalité et il est le reflet de qui je suis dans  la vie. 




Le fait de voyager et de côtoyer des infirmiers du monde entier m’a permis d’élargir ma vision sur le métier et de réaliser que nous étions chanceux de travailler dans de telles conditions dans notre pays. Je ne dis pas que le métier d’infirmier en France n’est pas empreint de difficultés, mais pour moi la balance positif et négatif penchent toujours du côté positifs si je la compare à mes précédentes expériences et à des conditions d’exercice lointain.

Comparer mon métier d’aujourd’hui à mes expériences passées serait hasardeux, mais si on parle de pénibilité physique je trouve mon métier actuel plus facile physiquement. Je me souviens de cet été de 2001 où j’ai eu l’occasion de travailler quelques mois dans une usine de fabrication de pain industriel. Une journée entière à porter des charges lourdes et cela 5 jours sur 7. C’était du travail à la chaîne et nous devions être physiquement opérationnels, car il nous était impossible d’arrêter le process de l’usine. Si par malheur nous n’étions pas assez rapides notre supérieur savait utiliser des moyens de pression pour nous faire augmenter la cadence.

Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

J’ai toujours trouvé inadapté le fait de comparer notre salaire à nos responsabilités. Est-ce que le fait de toucher 3500 euros par mois me permettrait de trouver mon métier moins difficile et de relativiser mes responsabilités ? Je ne pense pas… Oui mon métier d’infirmier est difficile, oui je côtoie la souffrance, la maladie, la mort. Oui je dois être corvéable à mon service et être parfois rappelé sur mes jours de repos, oui je travaille la nuit, les week-ends et les jours fériés. Oui il m’arrive de travailler le 24 ou le 31 décembre. Oui j’ai des responsabilités et je manipule des médicaments dangereux ou la moindre erreur de calcul ou de site d’injection pourrais m’envoyer en correctionnel. 

Je suis heureux de participer à la promotion de la santé, d’être stimulé chaque jour intellectuellement et de continuer à apprendre sur cette machine complexe qu’est le corps humain. Oui, c’est vrai parfois je ne suis pas considéré comme le professionnel de santé que je suis, oui parfois les relations avec mes collègues et nos supérieurs hiérarchiques peuvent être difficiles. Mais je suis conscient que c’est dans tous les corps de métier pareils !

Mais je m’estime heureux de faire un métier qui me passionne… « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Cette phrase de Confucius résonne souvent en moi et je m’estime heureux d’avoir choisi ce parcours professionnel. J’ai la chance d’avoir cette capacité à ne pas me morfondre dans la difficulté. Si je ne m’estime plus assez heureux et épanoui dans la structure où je travaille, je préfère rebondir et changer de service, voir si l’herbe est plus verte. Mon diplôme d’état d’infirmier est pour moi le plus beau des passeports, grâce à lui j’ai la chance de pouvoir travailler partout en Europe et dans les DOM-TOM. C’est un rythme de vie particulier c’est vrai, mais qui nous correspond à bientôt 40 ans. La norme voudrait que l’on travaille dans le même établissement toute notre vie, attendre ensuite sa titularisation pour pouvoir acheter sa maison sur 25 ans. Pouvoir acheter une voiture familiale et être à 15 mn de son lieu de travail. Mais cette norme, la je l’ai toujours rejeté en bloc, notre mobilité, c’est une de nos plus grande force. C’est ce qui fait que nous pouvons dire merde à des conditions de travail qui tend de plus en plus à se dégrader et hélas à se généraliser.

Voyager autour du monde m’a aussi permis de comprendre qu’il fallait attacher une grande importance à l’altérité de la personne prise en soin. La différence qu’elle soit culturelle ou sociale, permet de respecter la personne soignée dans sa différence et la rendra observante dans le cadre de sa maladie chronique.

Ce type de métier, on ne le choisit pas par hasard, c’est souvent lui qui vous choisit

J’ai pu remarquer qu’en France, il était de mauvais ton de parler d’argent, mais moi je n’ai pas peur de dire que je gagne bien ma vie. Mes 2300 Euros mensuels (attention c’est le salaire d’un infirmier dans les DOM) me permettent de bien vivre au quotidien. Nous arrivons à mettre de l’argent de côté, nous mangeons à notre faim, nous arrivons à voyager et à voir sereinement l’avenir malgré le surcout de la vie insulaire.

J’ai aussi tendance à penser que l’argent appelle l’argent, c’est-à-dire que plus nous en avons et plus nous en voulons. Je reste persuadé que nos besoins sont constant et augmentent en même temps que les zéros sur notre fiche de paye. Ce salaire j’éstime que c’est le salaire médian parfait, que chaque infirmier de France devrait toucher et pas uniquement dans les DOM-TOM.

 

Mes besoins quotidiens sont relatifs et j’arrive à faire facilement plaisir à ma fille, alors que demander de plus ? Rouler dans une voiture à 30K, changer de garde-robe tous les mois, renouveler mes produits high-tech tous les 6 mois et participer à cette course effrénée à la surconsommation… Ce n’est pas notre éducation, mon éducation. Sans être écolo et pingre, je ne souhaite pas participer à cette course démesurée et irréfléchie de celui qui aura le plus clinquant et la plus grosse que son voisin.

Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal

Cette vidéo réalisée par le service communication du CHU de Saint-Pierre en Belgique est remarquable à plus d’un titre. Le but de cette vidéo est en faite très simple : mettre en avant la personnalité de plusieurs agents d’un grand centre hospitalier comme le CHU de Saint-Pierre à Bruxelles en Belgique. Cette fois-ci, et comme a l’accoutumé on ne met pas en avant un médecin, ou un professeur, cette vidéo ici va plutôt s’intéresser à une autre personne faisant partie elle aussi d’un maillon essentiel de la chaîne du soin. Une personne qui grâce à son travail exemplaire et à ses compétences va permettre une prise en charge de qualité des patients hospitalisés au sein de cet hôpital belge.

Dans cette vidéo on peut y découvrir soit un membre du personnel médical, paramédical ou administratif qui travaille au sein de cet établissement. Des portraits de personnes, avec en voix off, la personne responsable de cet employé qui explique pourquoi elle a choisi de mettre en avant cet employé.

Plus qu’un coup de com de la part de cette institution, elle décide de mettre en avant des valeurs qui sont selon moi indiscutables et primordiales pour toute personne qui décide de dédier sa vie au service de l’humain. Dédier sa vie, oui, car on ne choisit pas ce métier par hasard, les motivations sont nombreuses et tournent vraisemblablement autour de l’autre. Il y’a quelques années de cela, nous aurions pu parler de vocation, aujourd’hui le métier a changé et il est devenu une profession. Une profession qui demande des compétentes. Ces compétences peuvent être techniques et relationnelles et s’apprennent avant tout avec de la formation, du temps et de l’expérience. Un moment décisif de sa vie suffit, parfois une rencontre, une situation de vie, un événement difficile, peuvent être des éléments déclencheurs qui fera découvrir les métiers du soin. Dédier sa vie, en effet, car rare sont les soignants qui ressortent indemnes d’une carrière à l’hopital. Ce type de métier, on ne le choisit pas par hasard, c’est souvent lui qui vous choisit, même si parfois certains poissons passent à travers les mailles du filet, mais ils ne font, en général, pas de vieux os.

Un esprit, nos talents

Mais revenons à cette vidéo… Ce qui est frappant c’est que l’on découvre des cadres qui connaissent leurs employés, qui connaissent leurs qualités et aussi ce qui les passionne dans la vie. Pour moi ce sont des valeurs et des compétences que doivent posséder un cadre de santé et elles doivent faire partie du package des compétences managériales. Pour connaitre son équipe, pas de secret il faut aller vers ses agents et il faut être à leur écoute. Il faut savoir les accompagner au quotidien dans leurs taches aussi difficiles soient elles. Savoir dire à ses collaborateurs quand ça ne va pas implique qu’il faut aussi avoir la présence d’esprit de dire les choses quand elles vont bien. Bérenger Briteau Coach en entreprise et formateur chez Orygin coaching estime qu’il faut 5 feedback positif pour 1 feedback négatif (car le négatif est plus lourd émotionnellement à encaisser). Il ajoute que la performance est impactée directement par l’état d’esprit : « positif » vous êtes ouvert aux autres, créatif et attentif. « Négatif » vous êtes centré sur vous, dans vos routines et vos pensées.

Il faut aussi savoir donner du challenge à ses employés, les impliquer dans la vie de l’entreprise, sans quoi c’est l’ennui, la banalisation et la démotivation qui s’installent. Sauf que la banalisation dans notre travail peut avoir des répercussions catastrophiques sur l’être humain que nous prenons en soins. Une erreur de dosage peut provoquer des troubles grave sur la santé de nos patients et peut parfois conduire à la mort ou au handicap. Notre métier est d’intérêt public ou nos connaissances et notre expériences nous permette de préserver des vies, voir de de les sauver. Notre condition physique et psychologique doit donc être préservé pour atteindre un haut niveau de performance et ainsi éviter les erreurs médicamenteuse.  

Les carences de l’hôpital public

Cette vidéo à mon sens, met aussi parfaitement les carences de l’hôpital public français dans la gestion de son personnel soignant.

Mon constat est accablant, mais il est aujourd’hui reconnu par un grand nombre de mes collègues, il faut être extrêmement motivé et armé pour travailler aujourd’hui dans un hôpital Français… Ce constat personnel s’appuie sur quelques années à avoir traîné mes runnings (j’ai abandonné les sabots depuis un petit moment déjà) dans plusieurs structures publiques et privées de France métropolitaine et dans plusieurs départements d’outre-mer depuis bientôt plus de 10 ans. Étant avec Florence, un soignant nomade, nous constatons depuis une dizaine année une dégradation franche de nos conditions de travail, mais surtout d’un manque de reconnaissance de nos fonctions par nos instances dirigeantes. Les situations exceptionnelles d’hier sont devenu des situations normales aujourd’hui. Il est normal de courir pendant 12 heures, il est normal de ne plus travailler en nombre suffisant, il est normal d’être rappelé sur nos repos pour remplacer une collègue malade, il est normal de composer avec le turn-over incessant et de continuellement formé de nouveaux collègues. 



Je constate aujourd’hui que le pouvoir a changé de main, avant il était entre les mains des médecins, aujourd’hui il est détenu par les administratifs qui font la pluie et le beau temps à l’hôpital. Le problème est que, selon moi, ces administratifs n’ont pas été formés à la bienveillance managériale. Nous ne sommes que des matricules que l’on bouge et l’on jette en fonction des besoins et des économies à réaliser. En ayant bossé dans la grande distribution, c’est une logique que je retrouve aujourd’hui à l’hôpital public. Le chantage au contrat, la précarisation de l’emploi, le management par la peur…

Dans ce monde, l’attrait du billet vert a pris l’avantage sur la condition humaine. Pour moi l’hôpital était un endroit préservé où les règles de la finance ne dicteraient pas leurs lois, où la bienveillance était la seule donnée importante. C’était mes motivations de l’époque, j’étais un jeune niais avec des étoiles dans les yeux. Après plus de 10 ans à travailler à l’hôpital public, mon constat est aujourd’hui amer. L’hôpital public et son instance dirigeante souffrent pour moi de schizophrénie où on nous demande de faire plus avec moins. On nous demande de faire des économies, de rationaliser les coûts, on nous parle de tarification à l’activité, on nous demande d’être performant quitte à bafouer les principes mêmes du service public.

Les aberrations de ce système à bout de course, je les constates tous les jours et je pense que le salut ne peut venir que d‘un profond changement dans la politique de santé de notre pays. L’argent gangréne ce système, convertis les plus nobles ce qui à terme va creuser encore plus les inégalités en santé. A cela il faut ajouter l’accroissement des taches administratives, les restrictions budgétaires, le manque de moyen…

Alors pour rendre nos hôpitaux plus performant, Bérenger Briteau ajoute qu’il faut être plus reconnaissant, or la « reconnaissance » vient de « connaître » : pas de reconnaissance sans connaissance de l’autre. Dire merci ne suffit pas à la performance, pour faire émerger des talents il faut connaître l’autre, et connaître c’est littéralement « naître avec « , cela signifie qu’une relation va naître, et de cette relation va se construire la confiance. Condition du dépassement de soi et faiseur de miracle. Quel bel endroit l’hôpital pour faire des miracles, non ?!

Merci pour ce moment.

Ma mère, aide-soignante de son état, a travaillé toute sa vie au service des personnes âgées dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour personne âgée dépendante). Aujourd’hui, après une vie de labeur et en arrêt maladie, elle s’apprête à partir en retraite avec une épaule en vrac, une insomnie persistante (à force de travailler la nuit et de dormir la journée) et un syndrome dépressif. Cette vie professionnelle dédiée au service de l’autre s’arrête subitement, sans remerciement après plus de 20 ans dans la même structure. Elle ne s’attend pas à recevoir de médaille, mais juste un merci pour le service rendu aurait pu lui suffire. Ces dernières années ont été chaotique pour elle, travailler dans un environnement stressant, au contact de la maladie et de la mort, soumise à une pression constante par les familles des résidents, mais surtout par des dirigeants uniquement motivés par des logiques comptables.

Les risques psychosociaux inhérents à nos fonctions sont évitables selon moi si l’on arrive à faire preuve de bienveillance managériale. Aux cadres de santé qui me lisent et qui pensent que cela ne fait pas partie de leurs prérogatives, je pense qu’elles se trompent. Vous pensez que vous n’êtes pas là pour connaitre la vie de vos employés ? De grands groupes ont compris qu’en formant des managers bienveillants il était possible de redonner à ses agents le gout du travail et de la performance. La bienveillance est pourtant au cœur de la relation d’aide inculquée et rabâchée aux infirmiers durant leur formation, alors pourquoi nos cadres et nos instances dirigeantes s’en éloignent le plus possible ?

Personnellement, faire mon travail jour après jour et m’installer dans une sorte de routine, comme dans ma vie perso ce n’est pas pour moi. Je ne suis pas cadre, mais ces valeurs elles m’ont été inculquées par le biais du sport. En étant sportif de haut niveau depuis mon plus jeune âge, j’ai baigné dans cette culture du challenge, de l’abnégation et de la pugnacité. Ce que l’on peut reprocher aux agents de la fonction publique c’est leur manque d’implication dans la vie de l’établissement, mais à qui la faute ? Un employé qui n’est pas investi dans les tâches de son établissement ne peut qu’en vouloir qu’à ses managers qui n’ont pas su lui inculquer l’amour de l’équipe, du groupe et de la structure.

Nous prenons soin de vous, mais qui prend soin de nous ?

Aujourd’hui infirmier, je constate que notre métier n’est plus considéré à sa juste valeur par nos instances dirigeantes. En faite que vous soyez brancardier, ASH, aide-soignant, manip radio… Je constate que nous ne sommes que des pions ou plutôt des matricules de la fonction publique hospitalière que l’on bouge en fonction du bon vouloir (et du budget) de nos établissements. Ce que je reproche aujourd’hui à ces instances dirigeantes, c’est cette capacité à combler des trous sans connaitre nos atouts, nos faiblesses, notre situation personnelle, les difficultés que peuvent éprouver ces agents dans leur vie professionnelle et personnelle.

Le secteur de la santé est un secteur à part entière et ne devrait pas être régi comme une entreprise. C’est un domaine à part, nous prenons en soin des gens, nous côtoyons ce qu’il y’a de plus beau au monde, mais aussi ce qu’il y’a de plus triste. Nous donnons la vie, nous la préservons, nous la restaurons et nous l’accompagnons. Nous sommes confrontés à la mort, à la souffrance, à la violence, qu’elle soit physique, visuelle ou psychologique. Mais nous ne sommes pas soutenues dans cette tâche. Nous sommes des robots taillés pour encaisser toutes ces émotions et parfois pour les plus faibles qui sont incapables d’encaisser, ça casse.

Quand notre journée de travail est terminée, il nous est parfois difficile de passer à autre chose d’un coup de baguette magique. Personnellement j’aime m’isoler ou discuter avec mes collègues avant de rentrer chez moi. J’ai besoin d’évacuer ce stress, cet énervement, cette pression quotidienne. J’éprouve le besoin de rester au calme, car je suis soumis au bruit des alarmes (d’un scope, d’un respi, d’une VNI…) pendant 12 heures (comme une réminiscence, il m’arrive parfois de les entendre même chez moi).  Certaines situations nous heurtent, certaines visions nous hantent, pour quelques jours ou pour toute notre vie. Nous sommes en première ligne pour prendre soin des autres, mais qui prend soin des soignants au quotidien, si ce n’est pas notre direction ou notre ministère.

Dans les centres de formation, je suppose que le travail est bien fait, que les soignants en général sont bien formés. Que les cadres formateurs inculquent aux futurs diplômés une certaine éthique, un savoir-être, un savoir-faire, mais surtout une posture professionnelle avec pour unique but de prendre en soin le patient avec respect, pudeur et bienveillance, le tout dans son altérité.

Aujourd’hui la compétence ne compte plus à l’hôpital, une personne avec une réelle volonté de prendre en soin ses patients avec éthique, respect en utilisant son savoir-être à bon escient n’est plus primordial. Du fait de notre diplôme d’état, nous savons tous piquer, poser une perfusion, faire des actes. Mais le savoir-être, le travail en équipe, le respect de la personne soignée, l’implication, l’écoute, l’humilité… sont des valeurs personnelles qui ne comptent plus. Ce qui compte pour les DRH c’est qu’une personne occupe le poste et ne fasse pas de vague. Basta.



Avant de passer mes concours pour entrer en institut de formation, j’avais choisi ce métier pour faire un métier avec des valeurs qui me semblaient proches des miennes. Aujourd’hui, je travail dans un service intéressant, mais ou ma situation est précaire. Aujourd’hui cela fait presque 2 ans que je ne signe que des CDD de 1 mois. Impossible de faire des projet sur le long terme ou de penser à un quelconque achat immobilier.

L’avenir de mon service lui aussi est incertain, il n’y a plus aucun projet sur le long terme. Comme beaucoup d’établissements de France, nous n’entendons parler que de déficit et de restructuration. Les services sont démantelés, le personnel baladé, voire parfois remercié sans tact via un sympathique petit mail. Évoluer et se former deviens aussi difficile maintenant, se faire financer un simple D.U est impossible en tant que contractuel. Faire une formation plus longue relève encore une fois du parcours du combattant.

Aujourd’hui et plus que jamais je ne peux compter que sur moi-même si je souhaite évoluer dans ma vie professionnelle.

P.A cet article est pour toi et la situation dans laquelle tu te trouves aujourd’hui est tout simplement scandaleuse.

 

 

4 réflexions au sujet de “Infirmier en France : ce pion sur un échiquier bancal”

  1. Voilà exactement pourquoi je suis partie de l’hôpital public en 2012 ! Je ne fais plus ce que j’aime «  les urgences «  mais au moins en PMI on nous laisse encore le droit de prendre le temps de prendre soin ! Enfin dans mon departement ! J’ai cru comprendre que certains départements commençaient à restreindre les visites à domicile car c’etait une perte de temps! Là aussi c’ est ne pas connaître notre métier en PMI que de nous empêcher d’aller au domicile des gens! Bref beaucoup de secteurs sont touchés par cette course à l’efficience, à la rentabilité !
    En plus ce sont les malades qui en subissent les conséquences et là pour moi c’est inadmissible ! Mais bien sûr Monsieur le Président, Monsieur le Directeur du CHU, eux quand ils sont hospitalisés il leur fait tapis rouge, infirmier personnel etc…. ça m’écœure !
    Bref….. bravo pour cet article !

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  2. Très bel article Yohan et que de vérité ! De par la maladie, je fréquente beaucoup les hôpitaux et je dois dire que j’admire le travail fait par les infirmières/iers, toujours avé le sourire , un p’tit mot gentil et on se sent mieux…… La chimio passe mieux !
    Chapeau bas à votre profession qui représente un maillon essentiel dans notre parcours de….patients .
    Merci, merci,merci et bon courage à vous tous

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  3. Amen !!! J’ai été Infirmière nomade également pendant 11 ans. Les premières années étaient vraiment chouette mais les 5 dernières ont fini par me dégoûter du métier et de la FP. Aujourd’hui en dispo depuis 2 ans je fais du rempla libéral. Alors bien sûr ca me change grave de la rea neonat et pediatrique, des grands brûlés et autres services d’urgences. Mais en attendant je ne suis plus un pion, je bosse quand je veux, je ne bosse plus la nuit et la plupart du temps tu as de la reconnaissance. Travailler à l’hosto c’est faire une croix sur ta vie personnelle, familiale, sur tes projets proches et futurs. Aujourd’hui je me respecte, je respecte mon mari et mes enfants. Pour la petite histoire,je me suis vue refuser une absence pour enfant malade malgré le certif du medecin. J’étais seul avec mon fils de 18mois avec 39.5° de Température, la nounou ne voulant pas le prendre. Ma cadre sup m’a demandé de laisser mon fils aux urgences pour que je puisse venir travailler. Je ne sais pas de quoi sera fait mon futur, j’ai encore 8 ans devant moi avant de perdre ma titularisation. Bel article!!! Lee alias run_wild_the_island

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  4. 2 ans après le diplôme j’ai arrêté… Insomnie, somnambulisme… J’ai fait un massage cardiaque énergique à ma femme sans le vouloir ! Il paraît que je lui ai sauté dessus, appuyé avec mes bras comme un dingue et crié « tu vas tenir le coup! »
    Elle a réussi à se faufiler entre mes jambes et j’ai continué à masser le matelas pendant 5 min paraît-il en criant.
    Bref… J’ai arrêté et pour plein de raisons je trouve que le métier a perdu de sa superbe. Je ne compte plus le nombre de jeunes que je croise ou que j’ai croisé et… Qui ont arrêté ou veulent arrêter aussi.
    Un métier qui meurt doucement mais sûrement !

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