Infirmier et les difficultés d’un jeune diplômé

Infirmier et les difficultés d’un jeune diplômé

Au bout de 3 ans de formation, me voilà aujourd’hui enfin infirmier. Pour faire mes armes, j’ai donc choisi de travailler en Guyane pendant quelques mois dans un hôpital à Saint-Laurent-du-Maroni. Dans cet article je reviens donc sur les difficultés que peut rencontrer un jeune infirmier lors de la prise de son premier poste et qui plus est dans un nouvel environnement.


Nous vous avions demandé via notre page Facebook de jouer au jeu des questions-réponses. Vous avez été nombreux à nous envoyer vos questions et nous vous en remercions.

///INTERVIEW Diplômé en soin infirmier depuis le mois de Juillet, Yohan a commencé à travailler en Guyane dans le pool…
Posted by Flo&Yo on jeudi 13 août 2015

Infirmier et les difficultés d’un jeune diplômé

Où travailles-tu ? Dans quel service ?

Je travaille depuis le 1er aout au Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais (CHOG), c’est un hôpital situé au nord-ouest de la Guyane à Saint-Laurent du Maroni. C’est la 2éme plus grande ville de Guyane après Cayenne, elle est située face à la ville d’Albina au Surinam. Ayant postulé depuis le mois de mars, j’avais reçu une réponse positive assez rapidement pour être recruté dans le SICS (Service infirmier de Compensation et de Suppléance). C’est un service qui demande aux infirmiers du SICS des connaissances accrues dans plusieurs spécialités, car nous devons assurer les remplacements dans tous les services de l’hôpital. Il faut donc être polyvalent et avoir une capacité à comprendre et assimiler rapidement l’organisation du service. D’autant plus qu’ici les infirmiers du SICS vont dans des services comme les urgences, la médecine, la chirurgie, la pédiatrie, le SSR…
Infirmier et les difficultés d'un jeune diplômé

Comment s’est passée ta prise de poste ? Qu’as-tu ressenti en enfilant ta première tenue professionnelle ?

Après l’euphorie du diplôme et l’excitation de partir découvrir un nouveau lieu de vie, une fois arrivé sur place, cet engouement fait place à de l’inquiétude et du stress. Nouveau boulot, nouvelle vie sur les routes du monde, terminé les stages et le statut d’étudiant, plus de parachutes avec une infirmière qui vous encadre et qui est là en cas de besoin. Désormais je prends en soin les patients avec ma responsabilité et cela pendant 7h30 par jour (12 heures aux urgences). Aujourd’hui je suis seul avec mon chariot de soin et mes dossiers, même si à l’IFSI nous avions eu des cours sur la responsabilité de l’infirmière, de nos droits et de nos devoirs, on ne réalise réellement la responsabilité qui nous incombe qu’une fois que l’on commence réellement.
Une fois à Saint-Laurent-du-Maroni et une fois la paperasserie réalisée pour le recrutement, j’ai pu prendre mes fonctions dans le service de médecine où j’ai eu la chance être doublé pendant 3 jours. Les locaux sont assez vétustes et comportent beaucoup de chambres doubles. 30 degrés en moyenne dans le service, pas de clim à part dans 2 chambres. L’hôpital est installé dans des bâtiments qui font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, il est donc assez couteux de les restaurer. A ce jour, un projet de construction d’un nouvel hopital, plus grand pour faire face à la forte augmentation de la population, est en cours.
Au niveau du matériel c’est le même qu’en métropole, même si certains équipements diffèrent avec ce que j’ai pu rencontrer au cours de mes différents stages. Comme pour les PCA de morphine par exemple (Patient Controlled Analgesia) qui sont mécaniques ici et non éléctriques.

Qu’est-ce qui t’as surpris au départ ?

Le plus surprenant après la ville de Saint-Laurent en elle même, ce sont les patients que j’ai pu prendre en charge les premiers jours. Sur une quinzaine de lits, quasiment personne ou presque ne parlait Français !

« La population ici est pluriethnique (encore plus qu’à Cayenne) : Amérindiens, Hmong, Bushinengue (ou les Noirs Marrons), Haïtiens, Surinamais, Brésiliens… « 

L’Anglais peut parfois être salutaire avec certains patients du Suriname ou de Guyana, mais il s’avère inefficace pour les patients Brésiliens qui ne parlent que le Portugais. Il est donc plutôt difficile de faire un recueil de données complet ou même d’informer le patient ou le rassurer au quotidien. Il existe des référents pour certaines langues dans l’établissement, mais ils sont peu nombreux à être présents au quotidien. Pour les Bushinengue, ils sont souvent très entourés et sur la fratrie il y a souvent une personne qui est capable de traduire pour le patient. Sinon on essaye de se faire comprendre par les gestes
La langue la plus utilisée dans l’ouest de la Guyane et par mes patients, est le Sranan Tongo ou le Nenge Tongo (plus communément appelé ici le taki-taki qui est le terme péjoratif et qu’il faut éviter d’utiliser). C’est une langue avec une base lexicale Anglaise est qui est beaucoup utilisée sur le fleuve Maroni et au Surinam par les Bushinengés. Les « Bushi », comme on les surnomme à l’hôpital, sont des peuples descendants d’esclaves (les noirs-marrons) emmenés d’Afrique au Suriname pour remplacé les Amérindiens dans les plantations. On distingue 6 ethnies dans la population Bushinenguaise :

En 1985, une guerre civile éclate au Suriname et c’est ainsi que des milliers de noirs-marrons trouvèrent refuge à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane Française (en effet la France à cette époque comptait peu de noirs-marrons).
En faite si je pouvais énumérer le nombre de choses surprenantes ici, il me faudrait, je pense, plus d’un article. La précarité et le chômage dans la ville de Saint-Laurent, les femmes enceintes Surinamaises qui choisissent de traverser le fleuve pour accoucher en France, les mamans qui déposent les enfants aux urgences et qui vont faire leurs courses, l’absence totale de couverture sociale pour beaucoup, le nombre important de patients hospitalisés ayant la CMU ou l’AME, le nombre important d’évacuations sanitaires en hélicoptère vers Cayenne, la France métropolitaine ou encore vers Point à Pitre…
Pour rappel l’AME (L’aide médicale de l’État) a pour objectif de garantir l’accès à la santé pour les personnes en situation irrégulière et pour maintenir un bon état sanitaire en France. Pour bénéficier de l’AME il faut justifier d’une présence sur le territoire Français de 3 mois ou plus, si ce n’est pas le cas la personne peut se diriger vers une demande de soins urgents.
En Guyane, le poids des bénéficiaires de la CMU de base, de l’allocation de Parent Isolé ou de l’Aide Médicale d’État est 6 fois plus important qu’en France métropolitaine.
On parle beaucoup en ce moment de la population migrante de Syrie qui fuit leur pays pour rejoindre le territoire européen mais ce qui se passe ici est assez surprenant… La population Brésilienne et Surinamaise savent que les soins sont « gratuits » et de qualité ici, notamment aux urgences et beaucoup viennent à l’hôpital de St Laurent pour bénéficier de cette gratuité.
Pour parler de cette « pression migratoire » en Guyane, cet article que je rédige ne serait pas suffisant, c’est une question complexe. Sans rentrer dans les détails, un article de 2009 considère l’immigration ici comme une problématique majeure en Guyane. Notamment pour une question de coûts pour l’Etat qui constate que cette population d’étrangers (Suriname, Brésil et Guyana) immigre en Guyane pour accéder à de meilleurs soins et pour que leurs enfants puissent bénéficier d’un système scolaire de meilleure qualité ; Ils sont en quête d’une vie meilleure et faut-il les blamer pour cela ? Enfin, de nombreuses femmes viendraient accoucher sur le territoire afin que leurs enfants acquièrent la nationalité française (ce qui est une erreur, car le principe de « droit du sol » est un peu plus complexe que ça…).
Aujourd’hui en tout cas, il n’existe pas d’études sur les motivations des migrants en Guyane, ni sur le coût que représente la fréquentation des structures de soins par les étrangers.
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En tant que jeune IDE, quelles sont les difficultées auxquels tu dois faire face en Guyane ? 

Le manque de connaissance, clairement. Après une journée de travail, il n’est pas rare de reviser ou de faire des recherches sur des pathologies que je n’avais pas du tout rencontrées en Métropole : Morsure de Grage (serpent), le suivi et la prise en charge de patient VIH, la Drepanocytose, le HTLV1, l’Anguillulose, la lèpre, des plaies infectées, le Chikungunya, la dengue, le paludisme, la fièvre jaune, le ver macaque, la maladie de Chagas … En gros tout ce qui touche à la médecine tropicale.
Mes difficultés sont nombreuses et pas vraiment représentatives de celle que j’aurai pu rencontrer en France métropolitaine, je pense. Tout d’abord la pédiatrie… Il convient de dire que l’apport théorique et pratique sur la pédiatrie et la physiologie de l’enfant est proche du néant à l’IFSI. Idem pour mes stages pratiques, je n’ai effectué aucun stage en service de pédiatrie ou de néonatalogie. Au centre hospitalier du CHOG les enfants font partie de quasiment 40% des patients, surtout aux urgences. Nous faisons en moyenne 80 entrées par jour et une bonne partie sont des enfants et des nourrissons. Brulure, nausées et vomissements, constipation, malnutrition, abcès… Mais aussi VIH, VHB, CVO (crise vaso-occlusive du patient atteint de drépanocytose).
Les pathologies que l’on retrouve en chirurgie sont souvent les mêmes : abcès divers et variés, traumatologie suite à des AVP, des amputations, des plaies inféctées suite à une morsure de serpent, mais aussi la prise en charge de patient que l’on appelle couramment des « mules ». Des jeunes adultes, femmes ou hommes et qui le plus souvent ingèrent des boulettes de cocaïnes pour la revendre en Métropole ou à l’étranger. Ce sont des patients menottés au lit et qui sont sous surveillance des Douaniers 24h/24h. Ils sont hospitalisés pour une surveillance en cas d’éclatement d’une ou de plusieurs boulettes, mais aussi on les prend en soin pour qu’il expulse par les voies naturelles l’ensemble de leurs produits.
Puis il y a les interrogations basiques que peut avoir un jeune diplômé, comme les traitements, les médicaments génériques, les dilutions, les transmissions et tout ce qui touche à l’administratif… Je me souviens encore de ce gros moment de stress quand j’ai passé ma première seringue de 4 grammes de Potassium à une patiente enceinte et en hypokaliémie !

 
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Y a-t-il des situations (culture, croyance) que tu n’avais pas rencontré jusqu’à présent ? Quel est ton positionnement ?

Oui, j’ai pu découvrir que les patients Bushinengués ont leur propre médecine à base de plante et de feuille. Une dame que j’ai reçue pour une douleur à la malléole était porteuse d’un pansement. Comme il était sale, j’ai voulu l’ouvrir et ainsi lui refaire un pansement propre. Une fois la bande enlevée, j’ai vu qu’elle avait mis de la terre et des feuilles d’une plante pour limiter l’infection selon elle et sur les conseils du guérisseur (Obiaman ou Bonuman) de son village.

« La culture et le soin sont 2 composantes qui étroitement liées ici, on peut dire qu’elles sont complémentaires et les médecins ne vont pas contre celle-ci. »

L’observance et l’éducation thérapeutique sont importantes ici étant donné le nombre de maladies chroniques. Mais à cause de la méconnaissance de la culture de mes patients, de la barrière de la langue et de la précarité, il est difficile pour ces patients d’adhérer aux soins.

En tant que jeune diplômé ou tout simplement en tant que soignant avec une éthique propre à soi, il est difficile d’accepter certain comportement qui soit non observant ou non adhérent. La culture ici est différente de la culture occidentale ou métropolitaine et cela ma demandé du temps pour pouvoir l’accepter.

Le rapport à l’enfant aussi est différent et au début on se pose beaucoup de questions pour savoir pourquoi les parents qu’il soit du Suriname ou de St-laurent adoptent tel ou tel comportement. En Métropole on pourrait parler d’enfant roi, ici ce n’est pas le cas, je reste objectif quand je dis cela et je ne porte aucun jugement de valeur.

Il y a tellement à dire… En 1 mois et demi je n’ai quasiment rien vu ici ! J’apprends tous les jours et la culture ici est complexe à comprendre. Il faut être curieux, poser beaucoup de questions, mais aussi faire pas mal de lecture.

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Quelles situations / PEC t’ont le plus marqué jusqu’à présent ? 

En ce moment j’enchaine pas mal de gardes aux urgences. Comme en métropole, nous recevons souvent la visite des gendarmes qui viennent suite à une réquisition médicale. C’est-à-dire qu’une personne vient d’être arrêtée et qu’elle va être placée en garde à vue. Le procureur exige une visite médicale qui sera donc faite aux urgences pour que le médecin urgentiste juge si la personne est apte à être placé en garde à vue. Sauf qu’en Guyane, nous avons à faire le plus souvent aux douanes lors d’arrestation de « mule » dont je vous ai parlé plus haut (les mules sont des personnes qui ingèrent des boulettes de cocaïnes pour la faire transiter en France ou à l’étranger et ainsi les revendre).

« J’ai donc pris en charge mon premier patient avec plus d’une centaine de boulettes de cocaïnes dans l’estomac et le tube digestif. En général après les avoir perfusé et bilanté, nous leur donnons un cocktail de laxatif pour qu’ils évacuent par les voies naturelles. »

C’est un contexte particulier de prise en soin, car ces patients refusent souvent tout traitement, le consensus national et le protocole de l’établissement précisent que ces patients doivent rester à jeun strict l’ensemble de la garde à vue (72h). Alors même s’il a commis un délit répréhensible par la loi, le soignant que je suis n’est pas vraiment à l’aise face à une personne qui vous demande à manger et à boire. N’est admis que des laxatifs oraux pour qu’il puisse évacuer naturellement les boulettes ingérées, il faut donc effectuer des surveillances rapprochées à cause du risque de déshydrations et donc d’hyponatrémie ou d’hypokaliémie (baisse du sodium et du potassium dans le sang), mais aussi d’overdose en cas d’éclatement d’une ou plusieurs boulettes.
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As-tu pu constater un glissement de poste dans les différentes fonctions ?

En tant qu’infirmier non, les rôles sont définis et il est respecté par les médecins comme en métropole. Par contre à cause du turn-over et du manque de soignants tout va très vite ici. Aux urgences, vous pouvez très vite être amené à gérer seul une salle de déchocage. Il n’est pas rare qu’au bout de 3/4 mois dans le service, on vous demande de tenir le rôle d’IOA (infirmier d’accueil et d’orientation) et de faire des sorties SMUR. En comparaison ce n’est seulement qu’au bout de quelques années d’ancienneté que l’on vous demande d’accepter cette responsabilité en métropole et souvent après plusieurs formations internes à l’établissement.

Quels sont tes sentiments sur ces premiers jours ?

Un sentiment de flottement, de stress permanent, de n’avoir aucune connaissance. Pour un jeune diplômé, il est très facile de faire des erreurs et qui parfois peuvent être dramatiques. Il ne faut pas hésiter à questionner le médecin ou vos collègues infirmiers qui sont plus anciens. Certains collègues vous aideront, d’autres ne feront même pas attention à votre présence, il ne faut pas quitter la France en pensant que les collègues sont meilleurs ailleurs. Ne pas hésiter à faire des recherches sur internet aussi, pour les dilutions et les traitements j’utilise au travail le Vidal en ligne ou encore le site urgences online.
Au bout de 2 ou 3 semaines, je suis passé par une période où je me demandais ce que je faisais là. Je faisais des erreurs de débutant comme si j’avais tout oublié. J’étais tellement dans la vérification que j’en oubliais la relation avec mon patient.

Quels conseils et recommandations donnerais-tu à un futur diplômé qui veut s’installer en Guyane pour y exercer ?

Je n’ai pas vraiment de conseil à donner. Vous dire que ce sera facile, ce serait vous mentir. Il va falloir s’accrocher car vous allez passer comme moi par des moments de doutes et de stress. Il faut s’entourer des bonnes personnes et pouvoir échanger sur sa journée avec des personnes qui ont assez de reculs c’est très salvateur et permet de se rassurer. J’ai eu la chance d’arriver avec plusieurs infirmières qui sont comme moi jeune diplômé et qui avaient les mêmes interrogations que moi. C’est très rassurant de savoir que les problématiques rencontrées sont les mêmes pour tous.
Mon ressenti est que sorti de l’IFSI, personne n’est prêt à affronter le monde hospitalier et encore moins à assumer de but en blanc le rôle d’infirmier. Vous avez appris à faire des soins, à faire des liens durant 3 ans, vous êtes capable d’adopter une posture réflexive.
Sauf que la transition après le DE est brutale, on va vous demander en plus de gérer les familles, la relation avec les médecins (qui parfois peut ne pas être simple !), vous occuper en plus des tâches administratives, de répondre au téléphone, savoir gérer un décès, vous occupez en plus des commandes et de la gestion des stockes de médicaments et parfois avec un étudiant infirmier à encadrer !
Après je suis aussi conscient que la Guyane est un département Français très particulier, Cayenne mais encore plus Saint-Laurent-du-Maroni. Pour cette dernière et à cause de son passé historique, mais surtout de sa proximité avec le Suriname, les problématiques rencontrées ici sont d’un autre temps. Idem pour les pathologies que j’ai pu rencontrer. Il n’est pas rare de prendre en soin des enfants ou des adultes avec aucun papier d’identité, aucune sécurité sociale… Je ne vous parle même pas des mutuelles. Beaucoup fonctionne avec la CMU ou l’AME. Je me souviens de la prise en charge d’un enfant de 10 mois à l’UHTCD (unité d’hospitalisation de très courtes durées) qui devait partie en évacuation sanitaire à Fort de France pour malnutrition et pour une infection. La maman qui vivait encore chez ses parents n’avaient aucune carte d’identité, aucune couverture sociale, aucun numéro de téléphone. Je n’avais aucun moyen de savoir si c’était vraiment son enfant.
Ce qui relève de l’exceptionnel en France Metropolitaine est notre quotidien pour nous les soignants à Saint-Laurent.
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Tu es arrivé seul à St Laurent, comment ça se passe pour rencontrer du monde ? 

Il est extrêmement facile de rencontrer du monde. À l’hôpital les médecins, les internes, les infirmières, les sages femmes, viennent à plus de 90% de métropole. La plupart se mettent en colocation et les sorties/soirées ensemble sont légion. Après tout dépend de ce que l’on recherche. Il est aussi bien parfois de faire une coupure, parce que parler de l’hôpital une fois rentré chez soit peu être usant à force. Je sais que pour moi cela a été très rassurant au début de pouvoir échanger avec mes colocs qui étaient jeunes diplômé et au final nous avions les mêmes problématiques en service.

Il y a un bar ambiance qui permet de rencontrer pas mal de monde (bien souvent de l’hôpital aussi), ensuite il est difficile de se rapprocher des habitants mêmes de Saint-Laurent, qu’ils soient Bushinengué, Amérindiens ou Brésiliens, ils ne se mélangent pas beaucoup et chacun reste souvent dans son environnement. Il faut être patient et s’investir dans la vie locale comme, par exemple, dans les associations sportives. 

Aujourd’hui, après plus d’un mois sur place, je me sens plus à l’aise dans les soins et dans la prise en charge des patients. J’ai appris aussi à prendre du recul par rapport à certains comportements des patients et des familles, chose qui n’était pas facile au début. C’est « culturel » et j’ai pu l’intégrer grâce à de nombreuses lectures. J’ai pu acquérir des réflexes dans la préparation de certains traitements et aussi dans la surveillance inhérente à ceux-ci, mais le chemin est loin d’être terminé.

Aujourd’hui je me rends compte que mes difficultés ne sont pas vraiment celles d’un jeune diplômé lambda, mais plus celles d’un jeune diplômé qui a choisi de travailler dans un hôpital, certes sur le sol Français, mais à mille lieues des problématiques que l’on peut rencontrer en France Métropolitaine. Saint-Laurent soit on aime, soit on aime pas. Et aujourd’hui je commence enfin à prendre de plaisir à venir travailler.

Article réalisé grâce à des données receuillis sur les sites de :

l’Insee : L’assurance maladie en Guyane

Améli : AME et CMU

Rapport de l’INSERM de 2009 : Migrations et soins en Guyane

Thése de Anne-Laure Faurand-Tournaire : Grossesses et accouchements chez les femmes Bushinengé (Guyane Française).

9 réflexions au sujet de “Infirmier et les difficultés d’un jeune diplômé”

  1. Superbe article qui fait poser pas mal de questions et surtout fait réfléchir. Impressionnant aussi de débuter sa carrière professionnelle dans un milieu si difficile mais au combien plus humain, je pense. Merci pour toutes ces explications et cette sincérité. Bonne continuation à vous 2.

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  2. salut. merci pour ton article.. c’est vraiment bien.
    dis moi, sais-tu si les chambres louées par l’hôpital de saint laurent pour le personnel hospitalier acceptent les animaux, comme un chat?
    merci de ta réponse.

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  3. Je n’avais jamais pris le temps de lire ton article, bien joué, je trouve que tu as bien réussi à représenter le quotidien hospitalier guyanais. A un de ces jours, bonne route à vous deux, bisous guyanais ! 🙂

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  4. Salut YO
    j’ai eue 1 réel plaisir à lire ton article qui sent le vouloir m’aide beaucoup pour mon tfe, je suis en 3° et j’ai hâte et peur à la fois de commencer à travailler (on se comprend).
    Merci pour ta vision
    PS : quand tu pourra donne nous ton avis sur le carnaval !

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  5. Bonjour Yohann,
    Merci pour ton article.
    Je suis en 3 e année d’école d’infirmière et souhaite venir travailler dés l’obtention de mon diplôme à saint Laurent du Maroni ou à Cayenne.Via quel site du postule ?Tu crois que je devrai m’y prendre en avance pour octobre prochain?
    Merci à toi pour ta réponse.

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  6. Je découvre ce témoignage rédigé avec beaucoup de lucidité et de bienveillance . Il retrace, avec une honnêteté rare, le quotidien des infirmiers exerçants à Saint Laurent, et au delà : du personnel embauché ( dont je fais parti) qui a débarqué ici sans aucune connaissance ni idée de la vie dans ce petit bout de la Guyane.
    Merci pour cet écrit qui ne cherche pas à dénigrer ou dévaloriser le CHOG. Il est juste et honnête……
    Nous sommes en 2019 quand je vous écris…
    LE CHOG a vu la construction d’une nouvelle bâtisse , mais je reconnais certains problématiques qui perdurent.
    Quoi qu’il en soit, une chose reste d’actualité : on aime ou on n’aime pas la vie à Saint Laurent du Maroni !

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